Il faut reconnaître au président Ali Abdallah Saleh un extraordinaire savoir-faire : celui de la survie. Cela lui a permis de se maintenir au pouvoir pendant trente-deux ans, triomphant de multiples complots, survivant à la chute de Saddam Hussein (dont il était l’allié), à la sécession du Sud en 1994 qu’il a repris par la force, changeant d’alliance au besoin, les Frères musulmans hier, Washington aujourd’hui. Ce savoir-faire, il l’a montré à nouveau, hier, en promettant de quitter le pouvoir à la fin de son mandat, en 2013. Il avait déjà fait la même promesse en 2006, puis était revenu sur sa décision. On peut s’attendre dès lors à ce qu’il répète l’opération. Pareil pour sa succession : il a aussi promis que le pouvoir ne passerait pas entre les mains de son fils, mais là encore les observateurs restent sceptiques.
Même si le Yémen connaît aussi des manifestations depuis la semaine dernière, le climat à Sanaa est encore loin d'être pré-insurrectionnel. Quelque 16 000 personnes sont descendues dans la rue, ce qui ne représente qu'une mince fraction de la population de la ville. De plus, on prête l'intention au président Saleh de faire occuper la place où doivent se dérouler les manifestations par les hommes de sa tribu, qui y planteront leurs tentes. Tactiquement, il semble avoir réussi sa manœuvre. C'est vrai que le personnage est madré : il a promis de rouvrir le registre des votes, une demande de l'opposition qui assure qu'un million et demi de personnes ont été exclues