L'odeur de la poudre noire, le chahut assourdissant des pétards et le tintamarre aigu des fusées d'artifice saturaient hier soir l'air froid de Pékin : c'est ainsi que la Chine a dit adieu à l'année du Tigre, symbole de la force selon les vieilles croyances. Elle a célébré son entrée dans l'année du Lapin, symbole de la vertu, avec un retentissant vacarme pyrotechnique destiné à chasser les mauvais esprits. Pour la nouvelle année, le Parti a renouvelé sa détermination à «harmoniser» la société en désamorçant l'une des plus grandes sources de conflit social de ces dernières années : les destructions forcées de logements.
Chaque année, des millions de maisons sont détruites sans l'accord de leurs propriétaires ou sans compensation suffisante. Cette politique autoritaire a conduit à d'innombrables excès que la presse officielle rapporte rarement, mais qui ont filtré sur Internet, en dépit des efforts de la censure. Certaines victimes ont été enterrées vivantes par les bulldozers sous les ruines de leurs maisons. D'autres ont été tabassées par des malfrats au service des autorités. Plusieurs cas ont déclenché des émeutes au cours desquelles des voitures de police ont été incendiées. Depuis quelques mois, au moins cinq propriétaires se sont immolés par le feu pour exprimer leur désespoir. Selon un journaliste de l'hebdomadaire Nanfang, qui a enquêté sur huit cas d'immolation survenus depuis trois ans, aucun officiel responsable n'a été sanctionné. Certains ont mê