Lorsque Hosni Moubarak, le visage sombre, les yeux creusés, a annoncé dans la nuit de mardi qu'il ne briguera pas un nouveau mandat lors de la présidentielle de septembre, l'Egypte s'est divisée. «Il n'a rien compris, il faut qu'il parte !» hurlent, place Tahrir, les manifestants. Mais le reste du pays flotte. Car le départ immédiat de Moubarak serait un cadeau empoisonné pour l'opposition… la Constitution imposant la tenue d'élections dans les deux mois.
Les amendements constitutionnels passés en force, en 2007, ont verrouillé le système par un habile mécanisme de signatures d'élus indispensables pour qui souhaiterait se présenter en indépendant. De leur côté, les partis traditionnels doivent justifier d'un seuil de représentation minimum au Parlement, dominé à plus de 90% par le Parti national démocratique (PND), qui, en décembre, avait raflé la mise avec des législatives marquées, selon les observateurs, par des fraudes massives. En l'état actuel, «seul un candidat "adoubé" par le pouvoir pourrait ainsi se présenter face au PND», synthétise un fin connaisseur du système, pour qui l'opposition n'a d'autre option que de négocier avec le régime sur la base des réformes proposées mardi par le pouvoir.
Absences. Mais, quid de l'opposition dans cette révolution sans visage ? Mohamed el-Baradei, plébiscité sur la scène internationale, n'a ni assise populaire ni le soutien du reste des contestataires : les partis d'opposition légaux n'ont guère di