Il y a en ce moment à Tunis quelqu’un qui ne peut pas faire cinquante mètres sans tomber sur des filles et des garçons qui veulent se faire photographier avec lui. C’est Bayram Kilani, alias Bendirman. Bendirman est grand, costaud, chaleureux, calme, presque réservé au début, totalement provoc, et très drôle, dès qu’il vous connaît un peu, au bout d’une petite heure.
A 26 ans, c'est le musicien le plus célèbre du pays. Depuis un an et demi, il a donné des dizaines de concerts en Europe et en Amérique, mais un seul dans son pays, juste avant d'être interdit. En Tunisie, sa célébrité s'est faite sur Facebook et MySpace. Il était censuré bien sûr, mais ses 150 000 fans sur MySpace (et 50 000 sur Facebook) savaient contourner les barrages. Bayram écrit paroles et musique, il joue de la guitare et chante, d'une belle voix parfois mélancolique, parfois ironique, des chansons «presque toutes engagées et à caractère satirique». Il a écrit sur la censure internet et sur la répression sanglante des manifestations de Redeyef en 2008, il se moque des présidents arabes, ses tubes s'appellent le Système,Hbiba ciao, ou encore la Bombe (paroles françaises de Ghassen Amami, le génial monologue intérieur d'un terroriste qui va se faire sauter dans le métro parisien). Sur scène, il chante seul ou accompagné d'un accordéon, d'un violon ou d'une darbouka. Ses influences ? «Manouches, reggae, folk, tunisiennes, et quelque chose de Tryo et de Louise Attaque.»