Sur un mur de l'avenue de France, dans le centre de Tunis, des manifestants ont tagué : «Tunisie, démocratie, liberté, laïcité» et juste à côté : «Merci Facebook». A l'autre bout de la ville, dans un café près du lac de Tunis, une trentaine de facebookeurs, blogueurs et autres twitteurs se sont donné rendez-vous. Moins de deux semaines après la chute de Ben Ali, ils sont venus pour créer une association contre les nouvelles formes de censure. La plupart ont entre 22 ans et 35 ans, autant de femmes que d'hommes, ils sont architectes, profs, chômeurs, médecins, étudiants, cadres ou graphistes : un échantillon représentatif de la classe moyenne citadine. Ce sont quelques-uns des innombrables internautes tunisiens qui, en lien avec les déshérités du Sud, ont fait la révolution que leurs parents n'espéraient plus. «Quand j'ai vu que nous étions des dizaines de milliers à échanger des informations qui pouvaient tous nous conduire en prison, j'ai compris qu'il se passait quelque chose d'irréversible. Le 13 janvier, il y avait 1,5 million de personnes connectées simultanément à Facebook dans un pays de 11 millions d'habitants», dit Karim, 34 ans, informaticien.
Partout, des «publinets» à 1 dinar de l’heure la connexion
A la terrasse du café, ils racontent les uns après les autres comment la vague internet est montée depuis la répression en 2008 de Redeyef, dans le Sud-Ouest, comment une communauté virtuelle de jeunes Tunisiens a relayé les manifestations et