Jeudi matin, à l'hôtel, au Caire. Dans la salle du petit-déjeuner, un couple -lui franco-égyptien, elle française- se prépare à partir. Jusque-là, ils faisait du tourisme, quasiment comme si la révolution ne se jouait pas à quelques centaines de mètres de là, sur la place Tahrir. «Nous avons voulu tenir, mais après ce qui s'est passé hier, on rentre», disent-ils. «J'ai vu des gens se faire lyncher, un homme a été ramassé après avoir été tabassé, on aurait dit une poupée de chiffon», raconte l'homme.
Notre départ, ainsi que celui d'un autre résident de l'hôtel, était prévu pour 8 heures. Il faudra finalement l'avancer de quelques minutes. «Ils sont en train de fermer les routes», alerte le chauffeur de taxi. Nous partons fissa. Et sommes stoppés après un quart d'heure, à un barrage tenu par une vingtaine de civils, armés de bâtons, d'un poignard pour l'un d'entre eux. Nous couvrant de «Sorry, really sorry» et de «Don't be afraid», ils contrôlent -au moins six fois- nos passeports. Fouillent l'ordinateur de l'autre passager du taxi. Soufflent un «Bad Egypt» quand ils découvrent les photos sur mon appareil, essentiellement prises place Tahrir. Ils refusent de me rendre ma carte mémoire, et nous laissent repartir.
Arrivée à l’aéroport. Ce n'est pas le chaos annoncé. Un jeune homme m'avait raconté y avoir passé trois jours, entre le 28 et le 30 janvier. Impossible de trouver un avion, pas de nourriture, pas de boissons, avait-il