Quand les magasins ont rouvert leurs portes, mercredi matin, Mona Mokhtar est allée faire ses courses chez l'épicier. Elle a acheté plus que d'habitude, mais sans faire déborder les étagères. La nuit précédente, le discours d'Hosni Moubarak l'a rassurée sur la fin prochaine du chaos qui s'est emparé du Caire depuis le 25 février. Persuadée que l'opposition pourrait se satisfaire d'apprendre que le Président ne briguerait pas un nouveau mandat, elle a été surprise de ressentir un pincement au cœur lorsque le raïs, héros de guerre, a affirmé vouloir mourir sur le sol égyptien. Epuisé par les nuits de veille passées dans les rues au sein des comités d'autodéfense, son mari a poussé un soupir, apprenant le retour d'Internet. «On n'en peut plus. Il faut que le pays se remette en route. Moubarak, c'est bon, il faut rentrer chez soi.» Lui-même, mardi, est allé sur Tahrir, stupéfait de voir la foule. Il a même entonné quelques slogans.
Caïds. Mais la journée de mercredi a eu raison de son soulagement : à 300 mètres de chez lui, la place Tahrir est entrée en éruption. La nuit de trop, pour de nombreux Egyptiens épuisés par dix jours d'affrontements. Pour les commerçants, angoissés par les pillages ; les chefs d'entreprises, atterrés par la dégringolade prévisible de l'économie. Et les employés, dont les salaires ne peuvent être versés par la faute des troubles qui paralysent les banques, a expliqué la télévision. Une grande partie de la population, sympathisa