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Libération

Les islamistes rattrapent le mouvement

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Les Frères musulmans, peu nombreux au début de l’insurrection, ont gagné en légitimité et sont désormais très présents.
publié le 5 février 2011 à 0h00

Peu à peu, ils s’enhardissent. Vendredi, ils sont venus en masse place Tahrir assister à la grande prière du vendredi et à la manifestation appelant au départ de Hosni Moubarak. Disciplinés, vêtus comme des petits-bourgeois de costume-cravate bon marché, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre, les Frères musulmans sont de plus en plus présents dans les manifestations.

Après les avoir désignés comme les fauteurs de troubles, alors qu’ils étaient presque absents de la contestation, le pouvoir leur tend la main. Paradoxe, et pas le moindre, de ce soulèvement qui a déjà bouleversé la scène politique égyptienne. Quand les jeunes du Mouvement du 6 avril lancent leur appel à manifester (lire ci-contre), la confrérie, qui veut à tout prix éviter une confrontation avec le pouvoir, est prise de court. Vendredi 28 janvier, le jour où l’Egypte explose, à la sortie de la grande prière, les Frères musulmans restent presque invisibles. Ils sont noyés dans la foule, submergés par les revendications sociales sur le prix du pain, la cherté de la vie, le manque d’emploi, l’accès au soin, à l’éducation… Sous peine de perdre toute crédibilité et le fruit de trois décennies de travail social, ils ne peuvent que rejoindre le mouvement.

Complot. Le soir même, dans son premier discours télévisé, Hosni Moubarak les pointe du doigt en évoquant un complot destiné à nuire à la stabilité du pays. Vieille recette dont Nasser a largement fait usage en son temps et qui sert systématiquem