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Libération

L’irréversible changement du monde arabe

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publié le 9 février 2011 à 0h00

Elle déçoit, cette révolution arabe. On la voudrait plus rapide, plus nette, plus décisive. On aurait voulu que les Egyptiens aient mis encore moins de temps que les Tunisiens à se débarrasser de leur président, que les généraux algériens soient en fuite, le trône marocain ébranlé, la dynastie syrienne à terre et que les répliques de ce séisme se fassent déjà sentir jusqu’à Téhéran.

Eh bien non ! Même en marche, l’histoire n’efface pas le passé d’un coup d’éponge. Même en branle, elle n’écrit pas l’avenir du jour au lendemain. L’histoire avance par bonds puis en crabe et, à trop espérer l’instantanéité d’une révolution, on en vient à ne plus voir sa réalité, aussi patente qu’elle soit.

Il y a moins d’un mois, le monde arabe était figé. Rien ne semblait pouvoir y bouger tant la peur y était omniprésente et tant le statu quo des dictatures y paraissait préférable à l’avènement de régimes islamistes. Puis il y eut la rupture tunisienne, cette émergence politique d’une jeunesse assoiffée de liberté, d’une troisième force se réclamant de la démocratie, et la contagion fut immédiate. Le monde arabe s’est aussitôt reconnu dans le soulèvement de la Tunisie. Dans toutes ses capitales, une même jeunesse éduquée, moderne, ouverte au monde, a frémi d’espoir et a contraint les pouvoirs en place à lâcher du lest tandis que le plus peuplé des pays arabes, l’Egypte, leur épicentre, se soulevait à son tour.

Alors oui, le régime égyptien a résisté à deux semaines de manifestations ininterrompues