Menu
Libération
Interview

«Le Nord comme le Sud veulent préserver le statu quo»

Article réservé aux abonnés
Questions à Marie Orange Rive-Lassan Historienne spécialiste de la péninsule coréenne
publié le 9 février 2011 à 0h00

Depuis hier et jusqu’à ce soir, les Corées du Nord et du Sud se retrouvent à Panmunjon, au centre de la «zone démilitarisée», trois mois après le bombardement par Pyongyang de l’île de Yeonpyeong qui avait fait quatre morts.

Pourquoi ces pourparlers interviennent maintenant ?

Ils font suite à l'annonce en novembre, par le régime nord-coréen, d'un nouveau programme d'enrichissement d'uranium [confirmé par le scientifique américain Siegfried Hecker, ndlr]. Comme d'habitude avec Pyongyang, chaque annonce ou provocation est suivie d'une demande de négociation, qui cette fois a été appuyée par la Chine et les Etats-Unis, hostile à une détérioration de la situation dans la péninsule.

Comment interpréter les appels au calme et au dialogue de la Corée du Nord lancés depuis la fin de l’année dernière ?

Il ne faut pas oublier que le régime est économiquement étranglé, l’hiver est toujours une période très difficile. La provocation et les démonstrations de force ne peuvent jamais durer très longtemps, d’autant que Pyongyang cherche avant tout à assurer sa survie comme puissance nucléaire. Et entend obtenir des Etats-Unis un traité de paix. Donc, il doit faire preuve de bonne volonté en appelant à des pourparlers et en se montrant disposé à revenir à la table des négociations à six sur le désarmement nucléaire, auxquelles poussent les Chinois. Enfin, le pouvoir nord-coréen est fait de factions. A coté de la vieille garde idéologique, qui veut conserver ses privilèges, une génération plus jeune et plus ouverte peut être tentée de s’inspirer du modèle chinois et de négocier.

Les deux Corées peuvent-elles dépasser leurs rivalités après le bombardement de l’île de Yeonpyeong, et le torpillage d’une corvette sud-coréenne qui avait tué 46 marins en mars ?

Depuis l'arrivé au pouvoir du président Lee Myung-bak [en 2008] au