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Libération

Chez les paysans indiens, le surendettement tue

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publié le 10 février 2011 à 0h00

Le chiffre fait froid dans le dos : selon les dernières statistiques publiées par le gouvernement indien, plus de 17 000 paysans se sont suicidés à travers le pays au cours de l’année 2009. Un chiffre qu’il faut bien sûr ramener a l’échelle de ce gigantesque pays de plus d’un milliard d’habitants, mais qui reste néanmoins révélateur d’un profond malaise dans les campagnes de la plus grande démocratie du monde, où vivent les deux tiers de la population. D’autant que les statistiques officielles indiennes sont le plus souvent sous-estimées.

Si le rapport gouvernemental ne précise pas les motivations à l’origine de ces suicides en masse, il est de notoriété publique qu’un grand nombre est lié au phénomène du surendettement. Pour survivre dans ce pays où l’exploitation agricole moyenne ne dépasse pas un hectare, les petits agriculteurs doivent emprunter pour acheter semences et engrais, et remboursent leurs dettes après la moisson. Mais si la récolte n’est pas au rendez-vous, ou qu’une maladie vient perturber les comptes de la famille, c’est la catastrophe. C’est précisément ce qui s’est passé en 2009, où l’Inde a connu sa plus faible mousson en trente-sept ans, réduisant considérablement les rendements agricoles, et donc la capacité des paysans à rembourser leurs emprunts.

Le cercle vicieux n’est pas nouveau : selon une étude de 2009, 150 000 agriculteurs ont mis fin à leurs jours au cours des dix dernières années. Spécialiste de la crise agricole indienne, le journaliste P. Sain