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Libération
Analyse

En Egypte, l’armée gronde

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Le vice-président menace les anti-Moubarak d’un coup d’Etat s’ils refusent le dialogue.
publié le 10 février 2011 à 0h00

Sur le pont Kasr el-Nil, bloqué par les voitures obligées de franchir le Nil pour contourner les barrages devant le bâtiment de la radiotélévision, des crieurs affairés vendent les journaux à la volée. Sur tous, la même manchette : «Le dialogue ou le coup d'Etat.» Car mardi soir, à l'heure où la place Tahrir, noire de monde, tanguait au rythme d'une liesse joyeuse, le général Omar Souleiman, vice-président et nouvel homme fort du pays bien qu'il s'en défende, a convoqué les rédacteurs en chef des journaux officiels et privés. Jadis très discret -il n'a donné sa première interview que la semaine dernière- l'ex-chef des services de renseignements a vite su imposer son ton, mélange d'autoritarisme et d'intimidation.

Opportunisme. Excluant tout départ du président Moubarak, il explique que si l'opposition refuse le dialogue, il ne restera qu'une alternative : le chaos ou un coup d'Etat. Car les mesures annoncées tambour battant ces derniers jours n'ont guère suscité l'enthousiasme. L'augmentation du salaire des fonctionnaires de 15% au 1er avril est jugée au mieux opportuniste, et les pistes de réflexion amorcées sur la supervision des élections par le pouvoir judiciaire, la libération des prisonniers politiques ou la libéralisation des médias sont qualifiées d'insuffisantes.

«Un coup d'Etat ? C'est quoi ? Une menace ? Regardez comme les soldats sont gentils ! L'armée et le peuple ne font qu'un !» Mahmoud éclate de rire. A côté de lui,