Dans une vidéo clandestine tournée au nez et à la barbe des autorités, un célèbre avocat et militant chinois des droits de l'Homme dénonce ses conditions d'assignation à résidence, surveillé 24 heures sur 24 par une soixantaine de vigiles qui se relaient.
Le film d'une durée d'une heure a été réalisé en cachette dans la petite ferme aux murs décrépits où Chen Guangcheng, aveugle depuis l'enfance, réside avec sa femme et leur fils. Il y fustige "les méthodes de voyous" à son encontre.
Ce document, qui montre les premières images de Chen en cinq mois, a été diffusé par une organisation de défense des droits de l'Homme, China Aid Association.
Il permet d'imaginer l'enfer au quotidien vécu par de nombreux militants chinois, telle Liu Xia, l'épouse du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo, qui, tout en étant théoriquement libres, sont en fait soumis par la contrainte à l'isolement.
La vidéo, dont au moins une séquence a été postée sur YouTube, débute au petit matin par le témoignage de Yuan Weijing, la femme de Chen Guangcheng. Elle décrit comment les gardes sont positionnés autour de leur logis.
Par dessus la haie du jardin apparaît la tête d'un homme en noir qui épie les faits et gestes de la maisonnée.
L'enfer du quotidien
"Afin de bloquer leur regard j'ai empilé des tiges de maïs devant la fenêtre, mais ils ont installé un escabeau et de là-haut ils nous observent", raconte Mme Yuan, tandis que retentissent les cris d'un coq.
Les vigiles sont selon elle en permanence postés