En Egypte, rien ne se faisant sans l'armée, c'est un officier qui exercera la réalité du pouvoir à un moment aussi crucial. Même si Hosni Moubarak s'accroche encore au pouvoir, c'est au général Omar Souleiman, le vice-président égyptien et chef des services secrets militaires (lire ci-dessous) qu'il a délégué ses pouvoirs. Ce dernier, dès lors, apparaît en première ligne. Mais la prise du pouvoir, en quelque sorte, d'un homme à poigne ne signifie pas pour autant un retour au calme. En fait, personne n'est en mesure de prédire exactement de quoi demain sera fait tant la situation, depuis le début de la crise, se révèle volatile. «On ne sait pas vraiment ce que veulent les manifestants et on ne sait pas non plus jusqu'où veut aller le pouvoir», résumait hier un diplomate.
Ce qui complique la donne, c'est que l'opposition comme le pouvoir, et même l'armée dans le secret des casernes, apparaissent très divisés sans compter qu'ils n'ont pas vraiment de leader. Connu à l'extérieur pour son rôle à la tête de l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), le prix Nobel de la paix Mohamed ElBaradei, qui voudrait prendre la tête du mouvement de contestation, demeure largement ignoré des Egyptiens et apparaît comme un homme qui a sauté dans le train en marche de la contestation. Même les puissants Frères musulmans, désormais très présents dans le mouvement et qui représentent la principale force d'oppostion en Egypte, sont eux-mêmes divisés et n'ont aucun respons