Mâchoire carrée et rictus railleur surmonté d’une fine moustache, lunettes de soleil et cheveux noirs en bataille, le «bandit» braque son pistolet sur le passant dans les rues de Genève. «Non au monopole des armes pour les criminels», proclame le placard de l’Union démocratique du centre (UDC), le parti d’extrême droite qui pollue la vie politique suisse depuis une dizaine d’années et n’hésite pas à faire l’amalgame entre la délinquance et le migrant albanais ou kosovar qui a incontestablement servi de modèle à l’affiche. Cette caricature aux relents racistes est le seul véritable dérapage de la campagne qui porte sur la pertinence d’un meilleur contrôle de la circulation des armes militaires. Les Suisses se prononceront dimanche sur cette question.
«Confiance». Malgré sa neutralité affichée, la Confédération helvétique est restée fidèle à une armée de milice qui oblige chaque homme à accomplir un service militaire de quatre mois, à l'âge de 19 ans, puis à effectuer régulièrement des périodes d'une dizaine de jours durant lesquelles les réservistes pratiquent assidûment le tir. Encadrés par 6 000 militaires professionnels, environ 220 000 soldats «miliciens» sont dotés, dès leur premier pas en caserne, d'un équipement dont ils ont la garde, et notamment d'un fusil d'assaut Fass 90 livré par le fabricant helvétique Swiss Arms.
A la fin de sa période d’instruction, la jeune recrue rentre chez lui avec son uniforme de combat, sa tenue de défilé et… son arme, qu’i