Après plus de trente ans de paix froide, mais stable, la chute de Moubarak représenterait pour Israël un saut angoissant dans une période d’incertitudes régionales. La crainte principale des Israéliens est qu’à plus ou moins long terme les islamistes ne prennent le pouvoir au Caire, remettant en cause le traité de paix entre les deux pays. Le complexe d’encerclement qui taraude l’Etat hébreu depuis sa fondation, cette angoisse du «seul contre tous» qui avait été allégée par la paix, même imparfaite avec l’Egypte, ressurgit.
Ombre géante. D'abord parce qu'avec la fin du régime de Moubarak, Israël, déjà isolé sur la scène internationale, est encore un peu plus seul au Proche-Orient. Après s'être brouillé avec la Turquie, la perte de l'Egypte, un autre poids lourd de la région, ne lui laisserait pour seul pays «ami» que la Jordanie, avec lequel les relations se sont considérablement refroidies ces derniers temps. Surtout, dans le scénario catastrophe des Israéliens, cet isolement diplomatique serait doublé d'un encerclement par des régimes islamistes : au sud, les Frères musulmans égyptiens ; au nord, le Hezbollah, qui vient de mettre la main sur le Liban. Et en ombre géante portée sur l'ensemble de la zone : l'Iran.
L'épouvantail d'une évolution à l'iranienne a été abondamment brandi par le Premier ministre, Benjamin Nétanyahou, dès le début de la révolte égyptienne, attisant encore les peurs de la population. Il n'a pas hésité à employer une terminologie manic