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Libération

La gronde sociale accélère le mouvement

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Aux revendications de démocratie s’est ajoutée la colère des ouvriers et des ruraux.
publié le 11 février 2011 à 0h00

Sur les rails graisseux, dans le ballast noirâtre, ils se sont assis, refusant de bouger, empêchant les trains d’arriver sur les quais de la Gare centrale du Caire. Plus de 2 000 cheminots en colère, protestant contre leurs salaires, la pénibilité de leurs conditions de travail, et contre cette inflation, vertigineuse, ces 10% qui plombent les prix, rendant le kilo de viande inaccessible, et tout si cher. Ils sont restés immobiles, jusqu’à ce qu’arrive le patron des Chemins de fer promettant d’écouter les demandes.

De l’autre côté du Nil, sous les tamaris de Zamalek, des employés du service des antiquités ont à leur tour manifesté. Comme d’autres mécontents à l’aéroport du Caire. Puis plus de 1000 ouvriers des aciéries de Port-Saïd. Et encore 3000 travailleurs chargés de la maintenance du Canal de Suez. Çà et là, quelques milliers d’employés du secteur pétrolier ont ajouté leur grogne aux chauffeurs de bus des transports publics du Caire qui ont refusé de mettre en route leurs moteurs. Plus les 5 000 employés du secteur médical, médecins, aides-soignants ou étudiants de l’hôpital Kasr-el-Eini qui ont hier marché épaule contre épaule jusqu’à la place Tahrir. La liste, interminable, n’a cessé hier de s’allonger. Et toute la journée, les yeux se sont rivés vers Mahallah el-Kubra, dans le delta du Nil, terre des usines textiles dont la fureur des dizaines de milliers d’ouvriers, en mars 2008, a marqué les esprits, qui menaçait hier de se soulever à nouveau.

Balles réelles.