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Libération
Reportage

Canada, les Innus recroisent le fer

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Partagée entre un passé douloureux et la promesse d’emplois, une nouvelle génération d’Amérindiens se bat pour faire valoir ses droits sur les richesses de son territoire : un eldorado minier abandonné où resurgissent les prospections.
publié le 12 février 2011 à 0h00

«Les négociations sont au point mort ! Ni Québec ni Ottawa ne nous répond ! Cette occupation peut durer trente ans, on est chez nous ici. La plupart des premières nations soutiennent notre cause.»

Visage taillé à la serpe, pas un pet de graisse, Real McKenzie, l’éloquent chef de bande a des accents de tribun, clamant que l’histoire du Canada s’est construite au mépris du droit des siens. Chef de bande, équivalent du maire dans les zones réservées, ce vaillant quinquagénaire dit aussi qu’il y a beaucoup de colère à Schefferville, une ville du Far North québécois. Ancienne cité minière, sinistrée durant trente ans, Matimekush, nom de la réserve de Schefferville, est promise à un bel avenir : avec les demandes croissantes de la Chine et de l’Inde, les matières premières ont la cote et les sociétés minières prospectent depuis quelques années dans cette région qui regorge de fer. Les plus optimistes évaluent les réserves à plus de 300 millions de tonnes. De quoi donner des ailes au magnat de la sidérurgie Tata Steel, qui a investi au moins 300 millions de dollars (220 millions d’euros) dans un projet à Schefferville, en partenariat avec New Millenium Capital Corp, dont il est actionnaire.

Tipis plantés à la hâte

Tout semble reparti de plus belle. Sauf que ces travaux de prospection ont fait resurgir une histoire douloureuse pour la communauté autochtone, les Innus. D'irréductibles Amérindiens qui, cette fois, entendent bien de pas se laisser flouer. Début juin, ils ont barré l'unique voie qui mèn