Les Tunisiens, qui donnèrent le coup d'envoi à ce printemps arabe en renversant Ben Ali, ont fêté dans la rue de la capitale le départ du raïs égyptien. «C'est formidable, deux dictateurs sont tombés en moins d'un mois», exultait un étudiant sur l'avenue Bourguiba, envahie d'une foule hérissée de drapeaux tunisiens et égyptiens et dansant de joie au milieu des concerts de klaxon. «Ô peuple d'Algérie, révolte-toi contre Bouteflika», criaient des groupes de manifestants alors même que plusieurs mouvements d'opposition ont appelé à manifester samedi dans les rues d'Alger, où ont été déployés plus de 30 000 policiers.
Liesse. Mais déjà, vendredi soir, la police a dispersé violemment des petits groupes qui saluaient «spontanément» la chute du président égyptien devant le siège du Rassemblement pour la culture et la démocratie. Dans l'est du pays, près de la frontière tunisienne, un chômeur de 36 ans, qui s'était immolé par le feu il y a dix jours, est mort hier. C'est le quatrième en un mois.
«Le monde arabe connaît un tournant historique et nous espérons que les peuples arabes partout pourront vivre comme des citoyens et non plus comme des sujets», a déclaré Ahmed Brahim, le ministre tunisien de l'Enseignement supérieur du gouvernement de transition. Victoire de la démocratie pour les Tunisiens, comme pour nombre d'intellectuels, la fin de Moubarak, allié privilégié de Washington et garant d'une paix réelle même si froide avec Israël, es