Menu
Libération
Interview

«Il faut consolider ce qu’on a gagné»

Article réservé aux abonnés
Yousri Nassrallah. Cinéaste
publié le 12 février 2011 à 0h00

«Ce sont deux Egypte, celle d’en haut et celle d’en bas, qui se retrouvent pour la première fois, et les revendications sociales sont en train de se fondre dans les aspirations démocratiques. J’ai fait partie du mouvement étudiant en 1972, j’ai assisté aux émeutes des années 70 et 80, mais c’est la première fois que l’on voit un pareil mouvement dans toute l’Egypte. On parle surtout de la place Tahrir, mais regardez, partout, dans toutes les provinces, ces mouvements sociaux qui éclatent, ces ouvriers qui demandent leurs droits, ces gens qui disent "ça suffit".

«Personnellement, cela m’était égal que Moubarak parte maintenant ou dans six mois. Le plus important, c’est une nouvelle Constitution consolidant ce qu’on a obtenu jusqu’à présent, pas un petit patchwork concocté par le régime. Il faut des institutions qui permettent au pays de fonctionner, il faut des syndicats libres, la possibilité de former des partis politiques sans être ligoté par le régime… Remplacer Moubarak par Omar Souleiman ou Amr Moussa dans le même système ne servirait à rien. Il faut que tous les mouvements politiques d’opposition se mobilisent et, surtout, sortent de la place Tahrir et arrivent dans les quartiers. Même les Frères musulmans sont une force avec laquelle il faut compter… et qu’il faut combattre. Tant que les Frères jouent le jeu et respectent la démocratie, tant mieux. Le jour où ils montreront un visage antidémocratique, il faudra les combattre à nouveau.

«On sent qu’il se passe quelque c