«Moubarak ou nous, vous devez choisir !» Jeudi soir, immobiles dans leurs treillis beiges et verts, ils écoutent, stoïques sur leurs chars, trembler Tahrir. «Dégage !» crient des milliers de voix. Alors que Moubarak vient d'annoncer qu'il reste en poste tout en transférant ses pouvoirs à son vice-président, Omar Souleiman, la masse gronde, furieuse. Vendredi, les militaires ont choisi. Préférant abandonner le raïs et ne pas être engloutis dans l'opprobre de son naufrage. Dans une inimaginable liesse, le peuple égyptien a donc accueilli le second coup d'Etat militaire de son histoire contemporaine, après celui des officiers libres, renversant la monarchie en 1952. Un putsch que des millions de personnes appelaient de leurs vœux depuis le début du soulèvement. A commencer par le Prix Nobel de la paix Mohamed el-Baradei : «L'Egypte va exploser. L'armée doit sauver le pays maintenant.» Quelques heures après le départ du Président, les militaires ont assuré qu'ils ne seront pas «une alternative à la légitimité voulue par le peuple», dans un communiqué lu par un gradé à la télévision d'Etat.
Intérêts multiples. Les analystes sont unanimes : longtemps, l'armée n'a pas voulu entendre parler d'un départ du raïs précipité par la foule. Manière de sauver l'honneur de celui qui a répété à l'antenne avoir risqué sa vie au champ de bataille pour la sauvegarde de la nation. Façon aussi de garder les rênes : lâcher Moubarak, c'était prendr