La Côte-d’Ivoire vit avec deux présidents , deux Premiers ministres, deux gouvernements et son lot d’angoisses. Les nouvelles des heurts nocturnes, dans certains quartiers populaires d’Abidjan comme Abobo ou Koumassi, n’empêchent pas les autres, comme Marcory et sa zone 4, de vivre presque normalement. L’aéroport, les hôtels et les restaurants sont déserts, fréquentés par les rares noctambules prêts à braver les barrages des CRS sur les boulevards, des petits groupes d’expatriés et les journalistes couvrant la «crise post-électorale», partie pour durer.
Sur le boulevard Botreau-Roussel, une artère en pente de la capitale, un alignement de quatre bars reste partiellement ouvert. Proches de Paris-Village, un haut lieu de la vie nocturne d’Abidjan, ces quatre bistrots ont été surnommés en fonction de leur clientèle : Licorne, comme l’opération militaire française, Onuci, le nom de la mission des Nations unies en Côte-d’Ivoire, LMP (La Majorité présidentielle de Laurent Gbagbo) et RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, du nom de l’ancien président Félix Houphouët-Boigny), l’alliance pro-Ouattara.
Au RHDP, de bons amis se désolent de la tournure prise par les événements : «On est dans la panade», soupire un chef d'entreprise qui s'apprête à licencier tout son personnel. L'activité économique a ralenti de 30% en décembre et de 50% en janvier, estime-t-il. Cigare en main, un ancien militaire qui travaille pour la sécurité d'un grand groupe fran