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EDITORIAL

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publié le 12 février 2011 à 0h00

La liberté souffle en tempête. Elle a emporté le raïs comme un fétu de papyrus. En trois semaines d’une protestation héroïque - combien de morts, on ne le sait pas encore - le peuple égyptien a dégagé son pharaon décati. Projet pacifique, la démocratie s’est changée en lame de fond pour mettre fin à trente années de corruption, de répression et de mensonge. Les martyrs ne sont pas tombés en vain. Le tyran a succombé. Facebook et la soif de dignité triomphent. Cette victoire est un diamant.

Hosni Moubarak ne voulait pas partir comme un voleur. Il avait pourtant toutes les qualifications nécessaires. D’où ce discours surréaliste prononcé par un épouvantail qui ne faisait plus peur. D’où cette fuite à Charm el-Cheikh qui rappelle celle de Varennes, où le jet remplace la berline. A cette différence près : nul soldat n’attendait le souverain en déroute. L’armée égyptienne s’est rangée, pour cette fois, du côté du peuple : c’est la définition même des révolutions. A-t-elle sacrifié son chef pour conserver l’essentiel ? Ou bien est-elle aussi travaillée par ces idées d’émancipation que les esprits étroits croyaient réservées à l’Occident ? La question dominera le chapitre nouveau qui s’ouvre dans la glorieuse histoire de cette terre où naquit la civilisation.

En attendant, pendant que les Egyptiens savourent à juste titre leur insigne exploit, la peur change de camp et l’angoisse s’insinue sous le crâne des dictateurs. Et de deux ! En moins de cent jours, à Tunis et au Caire, deux ré