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Libération
Reportage

Tahrir, l’Egypte démocratique avant l’heure

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Dix-huit jours durant, les occupants de la place cairote, déterminés, ont eu un comportement exemplaire.
Place Tahrir, le 11 février. (REUTERS)
publié le 12 février 2011 à 0h00

Le lieu est assez laid, mais depuis deux semaines, c’est le plus bel endroit d’Egypte. Midan Tahrir, ou la «place de la Libération», au centre du Caire, est devenue, depuis sa conquête le 28 janvier par les opposants au régime, le cœur géographique et intellectuel de la révolution. Une microsociété, régie par ses propres règles.

C'est sur cette esplanade, débarrassée des voitures, qu'ont débarqué au fil des jours tous ceux qui ont abandonné leur travail, leur famille, certains venus de Louxor ou du Delta, leur couverture sous le bras et quelques billets en poche, avec la ferme intention de «rester jusqu'au départ de Moubarak». C'est sur son rond-point central recouvert de pelouse que sont dressées les tentes et posés les tapis de ceux qui y dorment, mangent, s'engueulent, s'embrassent, rient et pleurent depuis dix-huit jours. C'est sur son sol que se tiennent, du matin au soir, les débats permanents et les meetings sauvages qui ont forgé l'esprit de la contestation. C'est sur son bitume, enfin, que sont tombés les morts - une dizaine - et qu'ont été blessés les centaines d'Egyptiens qui se sont battus pour défendre «leur» place, symbole de leur mouvement.

Tolérance. Peuplée de petites gens, de gosses des rues, mais aussi et surtout de médecins, d'architectes, d'ingénieurs, d'avocats, de profs et d'étudiants, l'esplanade est un havre de paix et de tolérance. Un lieu où se côtoient athées et religieux, femmes voilées et filles branchées, militants de ga