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TRIBUNE

«Eurogouvernance» libérale ou Europe démocratique ?

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Les enjeux de 2012 par La Fondation Copernic
par Pierre Khalfa, Alain Lipietz, Laurent GARROUSTE, (Fondation Copernic), Marc Mangenot, (Fondation Copernic), Roger MARTELLI, (Fondation Copernic), Francis Parny, (Fondation Copernic), Emmanuelle Reungoat, (Fondation Copernic), Michel ROUSSEAU, (Fondation Copernic) et Yves Salesse, (Fondation Copernic)
publié le 14 février 2011 à 0h00

L’Europe n’en a pas fini avec les spéculateurs. Après la Grèce et l’Irlande, l’Espagne et le Portugal sont dans le collimateur. Qui ensuite? Les Etats sont-ils trop endettés? Dépensent-ils de plus en plus? Faux : pour l’Europe des 27, les dépenses publiques représentent 46,9% du PIB en 2008 contre 47,3% en 1998. La hausse des déficits publics est due à la baisse des recettes causée par les cadeaux fiscaux aux plus riches et aux entreprises. C’est le résultat de la concurrence fiscale à laquelle se livrent les Etats depuis l’ouverture du «grand marché» européen. La crise financière n’a fait qu’aggraver les déficits par des aides accordées aux banques sans contreparties véritables. Dans les deux cas, ce sont les politiques libérales qui sont en cause. Les règles européennes, reprenant des dispositions déjà existantes au niveau national, interdisent le financement direct par la Banque centrale européenne (BCE) des déficits des Etats. Ils doivent donc se financer sur les marchés : l’Union européenne et les Etats membres se sont ainsi mis sous leur emprise.

La crise a révélé les contradictions de la construction européenne, incapable d’agir de manière unifiée (voir les négociations climatiques). Le plan européen face à la crise financière a été la juxtaposition de plans nationaux disparates. La spéculation sur la dette publique a pu se déchaîner. Les banques peuvent se refinancer auprès de la BCE à un taux très faible (1%) et prêtent aux Etats à 3% pour les plus chanceux et jusqu’