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Libération
Enquête

L’Algérie sur un volcan

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Face une opposition ragaillardie par la chute du régime Moubarak, le pouvoir algérien a brandi la menace de la répression. Seule réponse d’un régime gagné par la panique.
publié le 14 février 2011 à 0h00

«Pour une fois que l'on voit où va l'argent du pétrole», ironisent des Algériens . Matraquages et 300 arrestations aidant, la «marche pour le changement», samedi à Alger, Annaba (où des émeutes ont fait hier quatre blessés parmi les policiers), Constantine, Oran et Béjaïa à l'appel de la Coordination pour la démocratie, vient de tournercourt. Et pour cause, dans la capitale, les 2 000 manifestants émergent difficilement d'un océan de casques, boucliers et uniformes bleu police. Depuis la veille, 30 000 policiers (16% des effectifs du pays !) ont pris d'assaut Alger avec kalachnikovs, canons à eau, fourgons, brigades anti-émeutes et hélicoptères-caméras. «Le régime se donne en spectacle», constate Mostefa Bouchachi, l'un des organisateurs du mouvement et président de la LADDH (Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme).

Une démonstration de force qui ne peut pas faire oublier que l'Algérie est tout sauf soumise. Pendant six jours, début janvier, des émeutes d'une rare violence ont embrasé simultanément une vingtaine de wilayas (préfectures) et jusqu'au cœur d'Alger dans le quartier populaire de Bab el-Oued. Une augmentation soudaine et inexplicable du prix des produits de première nécessité et l'expulsion de vendeurs ambulants auraient mis le feu aux poudres. Comment aussi ne pas voir pure provocation dans la hausse de salaire de… 50% accordée aux policiers avec effet rétroactif sur trois ans ? L'exaspération des jeunes et le mé