Ala nuit tombée, assis sur le bord du trottoir, sous le plastique déchiré de la tente où il a dormi deux semaines, un homme, yeux brillants et cernés, regarde rougeoyer les braises de la révolution. La place Tahrir, récurée par une armée de fourmis bénévoles, rendue à ses voitures. Le pays qui se remet en marche, trois jours après le départ de Hosni Moubarak, un militaire remplacé par des militaires. Dans un nouveau communiqué, le Conseil suprême des forces armées a annoncé hier la dissolution du Parlement et le gel de la Constitution, deux des revendications clés de la contestation. Précisant n’entendre rester au pouvoir que six mois ou jusqu’à la tenue d’élections - présidentielle ou législatives -, les officiers ont également réaffirmé leur intention de respecter tous les traités signés par l’Egypte, dans une allusion claire aux accords de paix avec Israel signés en 1979. Un calendrier est donc mis en place, à une cadence donnée par l’armée, qui a su, depuis qu’elle a pris le pouvoir, multiplier les signes en direction de la population. Un peuple qu’elle a salué en qualifiant ses revendications de «légitimes».
Epuration. Après deux semaines de fraternisation, la jeunesse révolutionnaire, qu'elle soit Facebook ou plus populaire, a pu voir dans les jeunes officiers et soldats assis sur leurs tanks son fidèle reflet teinté de kaki. Quelques heures avant la démission de Moubarak, dans un moment de grand flottement, le ralliement au peuple de jeunes officiers,