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Libération
Reportage

En Egypte, la démocratie à tâtons

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Après la chute de Hosni Moubarak, et alors que le pouvoir est désormais aux mains des militaires, le pays négocie en tous sens, conscient de la fragilité de son avenir.
publié le 15 février 2011 à 0h00

Des visages de gamins radieux, du soleil dans les yeux. Et dessous, un slogan : «Pour avoir confiance en l'avenir de tes enfants». L'immense panneau brille, toujours debout, planté devant la carcasse noirâtre, salie de cendres, du siège du Parti national démocratique de l'ex-président Moubarak, incendié au premier jour du soulèvement. Le télescopage fait rire les Cairotes. Le PND, symbole absolu du pouvoir en Egypte, n'existe plus. Et même son nouveau patron, le réformateur Hossam Badrawi, nommé la semaine dernière dans un vain effort pour sauver les meubles, a jeté l'éponge et démissionné, quelques heures avant le départ du raïs. «On vivait sur une pyramide inversée. Tout tenait sur une chose, Moubarak, appuyé sur le parti. Tout le pays s'est écroulé avec lui, il faut rebâtir de zéro», raconte Ali Ismaël, un ingénieur.

Exit, le Parlement, dissous par le pouvoir militaire. Gelée, la Constitution, en attente d'un référendum. Exit, pour l'heure, le PND et ses 2,5 millions de membres. Exit, les partis d'opposition, du libéral Wafd au gauchiste Tagammou, décrédibilisés par des décennies de compromission forcée avec le pouvoir. Exit, ces résistants de la 25e heure, politiciens avides et démagogues, que la foule a vus descendre sur Tahrir aux derniers jours de la colère.

Débats.«L'Egypte s'est réveillée dotée d'une nouvelle conscience politique, elle ne se laissera pas avoir !» balaie, confiant, l'écrivain Alaa el-Aswany, auteur du best-