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Libération
Récit

Les derniers heurts de Hosni Moubarak

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La presse égyptienne dresse, à partir de confidences venues du palais, le portrait in vivo d’un raïs perdu au milieu des règlements de comptes de son entourage.
publié le 16 février 2011 à 0h00

Un vieux roi malade, dépressif depuis la mort de son petit-fils, un an et demi plus tôt, isolé en son palais. Les princes et la reine, avides et mauvais conseillers, une cour divisée entre vils omnipotents et bons impuissants, la garde et le peuple qui gronde. Une tragédie en six actes. A la une de la presse égyptienne, la chute des Moubarak passionne les foules. Proches du pouvoir et officiels ont multiplié les confidences, toutes invérifiables, tissant, unanimes, le canevas d’un drame dans lequel l’ex-président Hosni Moubarak apparaît plus comme une victime pitoyable que comme le maître d’un destin qui lui échappe.

Acte I. Lundi 24 janvier. A la veille du «jour de colère» appelé par l'opposition, le ministre de l'Intérieur, Habib el-Adly, rencontre le Président. Confiant, il explique au raïs qu'il n'a rien à craindre d'une lubie de cyberactivistes. Il n'est pas le seul à le croire : aucun analyste n'imagine alors que la manifestation va être le coup d'envoi d'une révolution qui se soldera, dix-huit jours plus tard, par le départ de Moubarak. Détesté, El-Adly a une certaine habitude de la gestion des manifestations, qu'il fait encercler par des milliers de policiers antiémeutes, dix fois plus nombreux que les participants eux-mêmes, appuyés par les sinistres baltageya, milices de supplétifs chargés des basses œuvres. Mais le 25 janvier, 15 000 personnes, place Tahrir, hurlent à Hosni Moubarak de «retrouver Ben Ali en Arabie». Du jamais vu.