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Libération

Venezuela, la violence en excès libre

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Le gouvernement d’Hugo Chávez a reconnu le taux d’homicides le plus élevé d’Amérique du Sud.
Un policier à Caracas, en novembre 2009. ((Carlos Garcia / Reuters))
publié le 16 février 2011 à 0h00

Robert Monsalve, livreur de pizzas, sortait d’une fête dans le quartier Las Casitas de La Vega, en banlieue de Caracas, dimanche à l’aube. Trois hommes l’ont attaqué au couteau, sans mobile apparent. Ils l’ont ensuite abattu de trois balles. A six mètres de son cadavre, les policiers ont également retrouvé celui d’Edgar Aponte, militaire de 26 ans, victime d’une balle perdue. Les rues de la capitale vénézuélienne sont parmi les plus dangereuses du monde, mais les autorités se refusaient depuis 2005 à faire état de statistiques sur l’ensemble du pays.

Feux rouges. En milieu de semaine dernière, Tarek El Aissami, le ministre de l'Intérieur, s'est pourtant décidé à sortir du silence, annonçant que 14 000 homicides comme ceux de Robert et Edgar avaient été décomptés en 2010, un taux de 48 morts violentes pour 100 000 habitants. Plus de trois fois le nombre de civils tués en Irak la même année…

«C'est un taux élevé si on compare avec le reste de l'Amérique du Sud», a prudemment admis le ministre. Un euphémisme alors que le Venezuela remporte haut la main, devant la Colombie, le titre de pays le plus violent du sous-continent. L'Observatoire vénézuélien de la violence (OVV), qui s'était chargé de publier ses propres statistiques pour combler le silence gouvernemental, a salué l'annonce. «C'est une très bonne chose que l'Etat ait reconnu que les homicides ont triplé en douze ans de pouvoir de Chavez», se félicite Roberto Briceño, sociologue et direc