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TRIBUNE

En Egypte, l’armée va-t-elle s’allier aux Frères musulmans ?

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par Marc LAVERGNE, Directeur de recherche au CNRS
publié le 18 février 2011 à 0h00

A peine la place Tahrir nettoyée des témoignages de sa geste héroïque, se posent des interrogations sur la nature et les objectifs du pouvoir en place : l’Egypte a-t-elle vraiment tremblé, est-elle vraiment entrée dans une phase nouvelle de son histoire ou bien le soulèvement n’aura-t-il été que l’occasion d’un réajustement ? Deux acteurs majeurs occupent désormais les premiers rôles : l’armée et les Frères musulmans. Tous deux auraient beaucoup à perdre dans la satisfaction des aspirations exprimées depuis deux semaines.

Dès le lendemain du succès de la journée de la police, le président Moubarak a fait appel à deux proches pour reprendre la situation en main : le général Omar Sulaiman comme le général Ahmed Chafik étaient des hommes de confiance, et d’une envergure personnelle qui pouvait leur permettre d’engager les réformes institutionnelles qui semblaient les concessions minimales et inéluctables ; une manière de réparer le torpillage des élections législatives de novembre 2010 par les jeunes écervelés du PND emmenés par Gamal et par Ahmed Ezz, le roi du fer à béton, et de redresser d’urgence la course folle du navire vers l’écueil des élections présidentielles de novembre 2011. Non plus sauver la famille Moubarak, mais préserver la caste au pouvoir, coalition d’intérêts de plus en plus divergents.

L’armée défend ses intérêts

Mais, avec le durcissement du mouvement, avec la montée des revendications de la jeunesse et avec la dénonciation de la corruption, c’est l’institution militaire qui est devenu