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Libération
Reportage

Les policiers d’Alexandrie se font petits

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Corrompues et violentes, les forces de l’ordre ont totalement disparu des rues de la deuxième ville d’Egypte depuis la chute de Moubarak.
Des policiers anti-émeute à Alexandrie en janvier. (REUTERS)
publié le 18 février 2011 à 0h00
(mis à jour le 18 février 2011 à 16h48)

Pas l'ombre d'un uniforme, pas la pointe d'un képi, pas même l'un de ces fantomatiques agents de la circulation, omniprésents en Egypte, qui embrouillent le trafic au lieu de le faciliter. Alexandrie est une ville d'au moins 4 millions d'habitants, mais elle n'a plus de policiers depuis une dizaine de jours. Aux carrefours, ils ont été remplacés par de jeunes membres des «comités de quartier» qui, visiblement, prennent leur rôle au sérieux. Aucun flic en faction non plus devant le principal commissariat de la ville, dans le quartier de Sidi Gabel. Certains bâtiments ont été en partie incendiés lors des émeutes et on dirait l'endroit désert. «Je suis persuadée que les officiers responsables de la répression se cachent encore à l'intérieur, en particulier celui qui a tiré sur la foule et a tué deux personnes, dont une jeune fille qui regardait la manifestation depuis son balcon», croit savoir Moushira Saleh, une activiste qui a quitté un poste important chez Unilever en Inde pour revenir à Alexandrie et participer au «mouvement».

Mais impossible de s'approcher du commissariat. Tout autour, des chars lourds ont pris position et le gardent jour et nuit. «On l'appelait le commissariat de la torture. C'était vraiment l'enfer», indique un chercheur en économie du Caire, Mohamed Salah, originaire de la ville. C'est là que l'on conduisait les personnes appréhendées à la discrétion d'Amn el-Dawla, la terrible Sécurité d'Etat, à laquelle les policiers obéissaient au do