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Interview

Yémen: «Les jeunes urbains ne veulent pas d’une société type Al-Qaeda»

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Pour Joseph Dato, responsable du groupe Moyen-Orient à Médecins du Monde et spécialiste du Yémen, la population réclame une meilleure redistribution des richesses.
Des manifestants après un afrontement contre la police, le 16 février, à Aden. (REUTERS/Stringer) (REUTERS)
publié le 18 février 2011 à 12h36

Deux manifestants ont été tués et 27 autres blessés dans une attaque à la grenade à Taez, dans le sud du Yemen, ce vendredi. Trois personnes sont également décédées dans la nuit de jeudi à vendredi à Aden, la deuxième ville du pays. De violents heurts opposent chaque jour la police et les manifestants, dans ce pays plutôt pauvre du Moyen-Orient, dirigé par le président Ali Abdallah Saleh depuis la réunification en 1990.

Professeur associé à l’Université de Grenoble et responsable du groupe Moyen-Orient à Médecins du Monde, Joseph Dato se rend régulièrement au Yémen. Si la situation est très complexe, il estime toutefois que les manifestants réclament surtout une plus grande redictribution des richesses.

Le pays est touché depuis des années par des troubles. En quoi la situation est-elle nouvelle?

Ce qui est nouveau, c'est la montée en puissance. Pour la première fois, les revendications sont audibles et de plus en plus structurées. Il y a quatre points qui s'entremêlent au Yémen pour comprendre la situation:

En premier, il y a le conflit houthiste, latent au nord-ouest. Cette tension a débuté en juin 2004. Les tribus houthistes, issues du courant religieux chiite zaydite, ont des discours de sécession, mais sans vraiment la vouloir (ndlr: la majorité des Yéménites sont sunnites, tout comme le voisin