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Portrait

Droit dans son blog

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Malek Khadhraoui. Pilier du site Nawaat, qui a précipité la chute de Ben Ali, ce Tunisien rentre au pays en défenseur de la république.
publié le 19 février 2011 à 0h00

Curieuse apparition pour un enfant du Web. Il débarque avec un attaché-case noir, un pardessus sombre et une cravate rose, cintré dans une timide raideur. La volubilité s'installe avec le café, dans les volutes de ses blondes. Sans gadget électronique ni sonnerie intempestive. A l'heure du tweet télégraphique, du billet égocentrique et de la vacuité frénétique à laquelle confine parfois l'activité blogueuse, Malek Khadhraoui n'a décidément pas la tête de l'emploi. Il avait d'ailleurs prévenu. «Je ne suis pas un hacker, un geek, un fondu de programmation informatique. Internet est un outil, pas une fin en soi.» Ce Tunisien de 35 ans est pourtant l'un des quatre administrateurs très affairés de Nawaat, un blog collectif indépendant qui, avec Facebook, a précipité la chute de Ben Ali enkysté au pouvoir depuis 1987. C'est Nawaat qui a mis en ligne les vidéos des manifestations à Sidi Bouzid, à Tunis, les images violentes à l'hôpital de Kasserine, les photos de martyrs, les exactions des nervis de Ben Ali. Ils ont contré la propagande du régime. Donné les noms des militants arrêtés, des martyrs exécutés. Repris les déclarations fracassantes des ministres et élus français.

«A la fin, on ne dormait plus», savoure Malek Khadhraoui qui a repris son poste de cadre dans une société du secteur hôtelier à Paris, après des vacances dédiées nuit et jour à Nawaat. Mais il est resté très connecté au point de programmer un retour définitif en Tunisie. «Je règle mes affair