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Libération

En Egypte, les islamistes à visage découvert

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Quelques centaines d’extrémistes ont défilé vendredi au Caire au milieu des démocrates qui célébraient la chute de Moubarak.
publié le 19 février 2011 à 0h00

Au passage du fauteuil roulant, ils se jettent à genoux. Des mains se pressent pour embrasser avec dévotion les doigts de la vieille dame. En ce vendredi de fête, une semaine après la chute de Moubarak, la foule hallucinée, têtes voilées ou cheveux au vent, fait tanguer Tahrir au rythme des chants patriotiques. Mais eux ne voient qu'elle, la mère de Khaled al-Islambouli. «Mon fils a assassiné Sadate», dit-elle fièrement. Des hommes au visage mangé par la barbe se pressent pour être pris en photo à ses côtés.

«Impie». Au-dessus des têtes, des pancartes. Elles réclament la libération de cheikh Omar Abdel Rahman, le guide spirituel des Gama'at al-Islamiya, emprisonné aux Etats-Unis, qui voient en lui un des cerveaux de l'attentat contre le World Trade Center en 1993. Dans les années 90, les commandos armés des Gama'at al-Islamiya ont terrorisé l'Egypte, tuant des centaines de policiers, de civils, de touristes, dans une série d'attaques destinées à renverser le régime «impie», coupable à leurs yeux d'avoir signé les accords de paix avec Israël.

«Nous n'avions pas d'autre choix que la violence. Nous ne pouvions ni parler ni voter, nous étions arrêtés, torturés. Prenez un animal et maltraitez-le, vous verrez bien comment il réagit.» L'homme qui se justifie ainsi s'appelle Essam Derbala. C'est un des dix membres du maglis, le haut-conseil des Gama'at al-Islamiya. Si Essam Derbala parle librement, c'est qu'il fait partie de ces lea