Si les Russes sont xénophobes, c’est la faute des étrangers. Telle est la teneur des déclarations récentes d’Alexandre Bastrykine, le chef du Comité d’enquête de Russie, qui propose un fichage génétique de tous les étrangers entrant et séjournant dans le pays.
Bastrykine a calculé que les immigrés ont commis 49 000 crimes et délits en 2010 (7% du total). «Ces chiffres sont bizarres. Ils ne correspondent pas aux statistiques officielles», commente Alexandre Verkhovski, de l'ONG Sova, spécialiste du nationalisme. L'agence fédérale des statistiques Rosstat attribue aux étrangers 13 000 des 684 000 «crimes graves ou très graves», soit moins de 2%.
«Provocateur». Les débordements nationalistes du 11 décembre, quand plus de 5 000 fans de foot ont hurlé des slogans xénophobes sous les murs du Kremlin, ont instauré un mal-être à Moscou où vivent 400 000 étrangers. Au lieu de s'interroger sur leur tolérance relative envers les mouvements nationalistes, les hauts fonctionnaires ont préféré pointer les étrangers.
Selon le maire de Moscou, Sergueï Sobianine, ils seraient responsables de la moitié des crimes de la capitale. «Comme Bastrykine, il légitimise des préjugés très répandus. C'est cela qui est dangereux», explique Verkhovski. Un récent sondage du centre Levada montre en effet que la majorité des répondants (37%) considèrent que le nationalisme en Russie se nourrit du «comportement provocateur des représentants des minorités nationales