La démocratie est une idée neuve dans le monde arabe, mais elle n'a pas encore triomphé. L'histoire s'emballe sous nos yeux, fascinante, suivie en direct grâce aux grandes chaînes internationales. Chaque jour, chaque heure, l'onde de la révolte se propage, irrésistible, de Rabat à Aden, de Benghazi à Djibouti, de Damas à Dubaï. Mais une semaine après la chute du vieux raïs égyptien, un tout autre chapitre s'est ouvert hier. Le «jour de la grande prière» fut aussi une journée sanglante et elle laisse augurer du pire des scénarios. Les miracles de la Tunisie et de l'Egypte n'ont été rendus possibles que par la prudence, l'esprit de responsabilité et les intérêts bien compris d'armées nationales qui ont préféré le compromis et l'ouverture, au discrédit et au bain de sang. En Libye, à Bahreïn ou au Yémen, rien ne laisse présager semblable issue. Ici, c'est la peur qui gouverne. Bras armés d'un régime aussi baroque que despotique, les séides de Kadhafi promettent une «riposte foudroyante» aux manifestants qui les défient. Dans le Golfe, aucun des Etats richissimes et armés jusqu'aux dents n'est prêt à s'accommoder d'une déstabilisation du confetti bahreïni par des chiites majoritaires et tenus à l'écart. Au Yémen, le régime vit sur un volcan et sous la menace d'Al-Qaeda dont les soldats contrôlent une partie du pays… Hier soir, la liesse du peuple égyptien, qui n'en finit plus de célébrer sa victoire, tranchait avec la gravité qui étreint soudain les autres combattants d
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