«Ne le prenez surtout pas pour vous, madame. Le peuple français et le peuple tunisien sont amis. C'est contre votre gouvernement qu'on en a. Sarko a soutenu jusqu'au bout Ben Ali, MAM a même proposé d'aider à nous réprimer. Et maintenant l'ambassadeur nous insulte.» Le manifestant venu protester contre les dérapages verbaux de Boris Boillon est intarissable contre la France officielle, si peu empressée à saluer la révolution. Et la sortie de l'ambassadeur contre des journalistes tunisiens n'est finalement que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.
Quelque 500 personnes étaient rassemblées samedi devant l'ambassade de France, en plein cœur de Tunis. En vieux habitués du buzz internet, les manifestants posent avec leurs pancartes dès qu'ils aperçoivent un Français avec un appareil photo. A côté du classique «Boris dégage» et de sa variante «Casse-toi, pauvre Boillon» inspirée de la saillie sarkozyste du salon de l'agriculture, on trouve des banderoles plus littéraires : «Attitude pleine de mépris et d'arrogance, faites votre démission» et «la confiance se gagne en gouttes et se perd en litres», ou historiques :«La Tunisie n'est plus un protectorat français.»
Maillot de bain. Boris Boillon, 41 ans, nommé le 26 janvier pour remplacer le précédent ambassadeur qui n'avait pas vu venir la révolution, a pour le moins raté son entrée. Arrivé à Tunis le 16 février, ce protégé de Sarkozy, dont il fut conseiller