Spécialiste des relations internationales, Dominique Moïsi, conseiller spécial de l'Ifri (Institut français des relations internationales) a notamment publié la Géopolitique des émotions (Flammarion). Alors que la diplomatie française semble avoir été prise de court par les révolutions en Tunisie et en Egypte, il analyse les raisons de ces ratés.
Comment expliquer cette crise ?
L’un des problèmes est celui du choix des hommes ou des femmes qui doivent incarner la France à l’étranger. On peut se demander si le président de la République ne choisit pas ses ministres des affaires étrangères plus en fonction de leurs limites que de leurs mérites. Il s’agit de pouvoir les contrôler et d’éviter un rival. Il y a à cet égard un contraste saisissant avec Barack Obama, qui a pris pour secrétaire d’Etat Hillary Clinton, sa rivale la plus brillante lors des primaires démocrates. Ce n’est pas le cas de Nicolas Sarkozy quand il décide de nommer Bernard Kouchner puis Michèle Alliot-Marie. Avec eux, comme auparavant avec Philippe Douste-Blazy nommé par Jacques Chirac, on ne peut pas dire que l’on a choisi les meilleurs pour grandir l’image de la France à l’étranger.
C’est un triste constat, y compris si l’on se compare à la Grande-Bretagne, vieille nation qui comme nous a une longue tradition diplomatique, dont les derniers titulaires du Foreign Office, le travailliste David Miliband ou aujourd’hui le conservateur William Haig, sont d’une autre envergure. Cela est d’a