Privilège de sa nouvelle fonction de conseiller à la cour d'assise d'appel, il dispose désormais d'un petit bureau au tribunal de Rome, triste ensemble de bâtiments de béton gris datant du début des années 70. Mais grand amateur de «toscani», les noirs et âcres cigares italiens, le magistrat-romancier préfère écrire en fumant à la maison comme il l'a fait pendant tant d'années, enchaînant dans une indifférence quasi générale actes judiciaires et verdicts en même temps que les polars, essais, nouvelles, scénarios.
En 2002, il a triomphé, avec Romanzo Criminale. Plus de 300 000 exemplaires vendus en Italie et un succès en France comme à travers l'Europe pour ce roman sur la «bande de la Magliana» qui régna sur le milieu romain dans les années 70-80. En 600 pages haletantes, il conte la geste d'implacables truands et de troubles agents des services secrets prospérant dans cette zone grise d'une rare opacité de l'Italie des «années de plomb» où l'Etat et l'anti-Etat se rejoignent et parfois se confondent. Le best-seller donna un film à succès. Les livres suivant sont de la même veine. La Saison des massacres et maintenant la Forme de la peur assoient sa réputation. Il pourrait tranquillement vivre de sa plume. «J'y ai pensé mais je me sens encore utile comme magistrat pour défendre une certaine idée de la justice», explique-t-il avec un large sourire rappelant, qu'envers et contre tout, quelque 50% des Italiens ont confiance dans les j