Nizar a beau crier dans son mégaphone, sous les parapluies les manifestants ne sont pas très nombreux en ce dimanche matin pluvieux. 3 000, peut-être 4 000 se sont déplacés à l'appel de cette première «marche du changement». «Ce n'est pas le nombre qui compte, estime Najib, professeur d'économie, confiant. Pour le Maroc, c'est déjà beaucoup, il faut vaincre la peur d'être traité de traître.»
Ces derniers jours, sur la Toile, en effet, la contre-insurrection a fait rage. Les manifestants se sont vus qualifiés de traîtres à la nation marocaine, voire d'envoyés de l'Algérie venus déstabiliser l'unité du Maroc et défendre l'indépendance du Sahara occidental. Faux, répond Nizar Benamate, étudiant et membre du comité d'organisation de la marche, qui avance une autre explication pour la faiblesse de la mobilisation : la veille, l'agence de presse officielle a annoncé que la manifestation avait été annulée suite au désistement de l'un de ses organisateurs. «Une opération de désinformation», selon Nizar, reprise par tous les médias publics au Maroc. «Pour nous, il y a assez de monde et ce n'est que le début», assure le jeune homme de 25 ans qui porte des banderoles en tissu sous le bras.
Référence. Dans le cortège, peu de femmes, beaucoup de jeunes hommes, de militants de gauche et des islamistes membres du mouvement Justice et Bienfaisance, toléré mais non reconnu par l'Etat. A part deux partis de gauche, aucune formation politique