Dans le métro, ils se sont acharnés au couteau. Effacé, le nom de la station Moubarak, rebaptisée d’un coup de marqueur rageur «Révolution du 25 janvier». Dans les rues noir-blanc-rouge, les autocollants aux couleurs de la révolution pullulent. C’est à peine si les Egyptiens évoquent le souvenir de leur ex-raïs, que la rumeur dit en état comateux après qu’il a cessé de prendre son traitement médical.
Mais à l'approche de la place Tahrir, le trafic, une fois de plus, est bloqué. Des centaines de manifestants, poings levés, s'égosillent après avoir hurlé devant le bureau du Premier ministre, Ahmed Chafik, tout proche. Policiers, ils réclament de meilleurs salaires et cherchent à sauver leur peau, associés qu'ils sont à l'image de Habib el-Adly, l'ancien ministre de l'Intérieur à la sinistre réputation. Sur l'avenue voisine, d'autres employés manifestent devant leur entreprise, et encore là, sous les fenêtres d'un ministère. «Le vieux a dégagé, mais le plus dur reste à faire», commente, un brin découragé, Sherif Ahmed, opposant de longue date. Aujourd'hui il devrait se rendre à Tahrir, où les Egyptiens sont à nouveau invités à se rassembler en masse pour réclamer la démission du Premier ministre, un ex-militaire nommé par Hosni Moubarak le 29 janvier.
Illusion. L'annonce d'un remaniement ministériel n'a en rien calmé la fronde des protestataires. Au contraire. Les collectifs de jeunes et une partie de l'opposition ne se satisfont pas du remplacement des