Une quarantaine de Français, personnels soignants pour la plupart, ont été évacués dimanche soir de Benghazi vers Tripoli, la capitale. Voici le témoignage de l’un d’entre eux :
«A Benghazi, samedi, tous les hôpitaux privés ont été fermés, et les habitants ont réquisitionné tout ce qui s’y trouvait. Ils sont venus nous apporter ce matériel. Il y avait une vraie solidarité. On a manqué de rien, il y avait de la nourriture pour les gens qui travaillent à l’hôpital et les civils, pour les familles qui venaient se réfugier. D’où venait-elle, je ne peux pas dire car tous les magasins étaient fermés. Les Libyens étaient protecteurs avec nous, et aussi très touchés qu’on les aide. Mais on voyait des choses bizarres : des "opposants" qui avaient des hachoirs sous leur blouson, par exemple. L’un d’eux a fait tomber le sien dans l’entrée des urgences, il m’a vu tiquer. Alors, il m’a fait signe, il m’a fait comprendre que je n’avais pas à m’inquiéter, que ce n’était pas pour nous. A aucun moment nous n’avons été visés.
«Hier [dimanche, ndlr], nous sommes tous partis la mort dans l'âme et les larmes aux yeux, parce que nous avions l'impression de les abandonner. Nous nous sentions très très mal mais l'ambassade a dit : "Vous n'avez pas le choix, on affrète un avion et vous rentrez tous sur Tripoli." Les gens avec qui on travaillait, on ne sait pas quand on les reverra, si on les revoit… vivants. C'était atroce. Ça faisait trois jours que j'étais à l'hôpital, j'ai eu quinze minute