Dana Moss, actuellement basée en Israël, est experte de la Libye au Washington Institute for Near East Policy.
Kadhafi peut-il survivre à ce soulèvement ?
La situation est très incertaine encore. On ne sait pas si Kadhafi a encore le soutien des personnages les plus importants du régime, c’est-à-dire de son cercle rapproché, de sa famille élargie et des membres de sa propre tribu. Des figures importantes de tous ces groupes ont été placées à des positions de pouvoir, y compris dans l’armée. Un des fils de Kadhafi, Khamis, dirige ainsi une brigade. La question est maintenant de savoir s’ils vont continuer à le soutenir. Aucune de ces personnalités ne s’est encore publiquement exprimée. En tous cas, la partie du pays où la protestation est la plus intense, l’est, a toujours été plus ou moins opposée au régime. C’est une région exclue du centre du pouvoir.
Y a-t-il un risque de partition du pays ?
C’est une possibilité. La Libye d’aujourd’hui est une construction moderne. Historiquement, le pays a été divisé en trois régions différentes et séparées. On a entendu dire que des manifestants à Benghazi demandaient la sécession. Mais on ne sait pas ce qu’il en est exactement. Les protestataires n’ont pas un message unifié. La dimension tribale est très importante en Libye. Les manifestants se positionnent aussi selon ces lignes tribales. Jusqu’à présent, ils portent un message d’opposition au régime de Kadhafi plutôt qu’une plateforme politique spécifiq