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Libération

Paris rattrapé par sa complaisance

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Les accords commerciaux, notamment les ventes d’armes, au dictateur libyen, et sa visite officielle à Paris en 2007, ternissent encore un peu plus l’image de la diplomatie française dans le monde.
Le président Sarkozy et le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi le 1é décembre 2007 à l'Elysée.. (AFP Stephane de Sakutin)
publié le 23 février 2011 à 0h00

La diplomatie française ressemble en ce moment à un film de Charlie Chaplin : tous les gestes sont scrutés dans l'attente d'une inéluctable chute. Ainsi, une rumeur a couru toute la journée d'hier sur Internet : les photos de la visite de Muammar al-Kadhafi à Paris, en décembre 2007, auraient été supprimées du site de la présidence. L'Elysée affirme que ces photos n'ont pas été effacées, pour la simple raison qu'elles n'y ont jamais figuré. Pourtant, le site Owni.fr a retrouvé la trace de trois photos, qui auraient disparu du serveur. Elles avaient été répertoriées à «Qaddafi», l'une des graphies anglaises…

Que l'Elysée ait ou non cherché à gommer le souvenir de cette visite à Paris du leader libyen importe peu : elle a bel et bien eu lieu. C'était un 10 décembre, journée internationale des droits de l'homme, et Nicolas Sarkozy avait fait dérouler le tapis rouge, provoquant la colère de l'opposition. Même au sein du gouvernement, cette visite en grande pompe avait choqué. Rama Yade, alors secrétaire d'Etat aux Droits de l'homme, avait été recadrée par Sarkozy pour avoir déclaré : «Notre pays n'est pas un paillasson sur lequel un dirigeant, terroriste ou non, peut venir s'essuyer les pieds du sang de ses forfaits.»

Tente de Bédouin déployée dans le jardin de l’hôtel de Marigny, croisière en bateau-mouche avec fermeture de tous les ponts de la capitale pour raison de sécurité, «amazones» en guise de garde du corps : Kadhafi avait enchaîné les provocations tout