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Libération

«J’ai vu dans la rue beaucoup de mercenaires africains»

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Des travailleurs rapatriés relatent les troubles des derniers jours :
par Eric Jozsef, Rome, de notre correspondan tet le service Web
publié le 24 février 2011 à 0h00

Les récits des étrangers rapatriés de Libye ces dernières quarante-huit heures donnent la mesure des troubles qui secouent le pays. Un entrepreneur italien revenu hier après-midi à Rome ; un Libyen, la soixantaine, arrivé en France hier, souhaitant rester anonyme pour protéger sa famille à Tripoli, et un expatrié indien, rencontré à l’aéroport parisien de Roissy, attestent de la violence de ces derniers jours.

Michele Cafiero, à Rome : «Je suis parti mardi soir à Rome, alors que la situation dégénérait. A Tripoli, où j'ai fondé il y a trois ans une petite société de communication, tout a été calme jusqu'à dimanche. Cela a explosé à l'improviste. Beaucoup d'entre nous se sont rendu compte avec retard de ce qu'il se passait. On avait bien sûr suivi les événements de Tunisie et d'Egypte, mais on pensait qu'en Libye les choses étaient différentes, car les habitants ne souffrent pas de faim, les biens de première nécessité sont quasiment gratuits. Jeudi dernier, l'un de mes amis libyens, Khalifa, est parti pour Benghazi rejoindre sa famille, alors que les affrontements avaient commencé et qu'il voulait y prendre part. Vendredi après la prière, il m'a dit que se déroulait une véritable bataille dans les rues et que les insurgés avaient réussi à s'emparer d'armes et de fusils. Au début, je n'ai pas donné beaucoup d'importance à ce qu'il me racontait, car la situation semblait encore calme à Tripoli. J'allais normalement sur le chantier et rentrais tout aussi normale