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Libération
Reportage

A la frontière tunisienne, les réfugiés d’un pays fantôme

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Les habitants de l’ouest du pays fuient en urgence des villes en plein chaos.
publié le 25 février 2011 à 0h00

En passant la douane tunisienne de Ras Jedir, Boualam a achevé un périple de quatre heures dans l’ouest libyen. Le témoignage de ce plâtrier algérien donne un éclairage inédit sur les combats entre la population et les partisans du régime, dans une région présentée la veille encore comme le fief du «Guide» libyen.

Il était 10 heures hier matin quand Boualam a décidé de gagner en taxi la frontière tunisienne et d'abandonner son «deux-pièces cuisine» d'Ezzaouia, 60 km à l'ouest de Tripoli. «Ça devenait trop dangereux, les gens se battaient. Il y avait des tirs partout. J'ai vu des morts sur la place centrale de la ville et des personnes touchées par balle ce matin.»

«Comme la place Tahrir». D'après ce que raconte cet homme affable de 42 ans, établi en Libye depuis dix ans, tout a dégénéré à 8 h 30 hier, quand «1000 soldats au moins, très armés», ont pénétré dans Ezzaouia. «C'était le début des troubles, car jusqu'alors l'armée n'était pas présente à Ezzaouia.» Ils se sont rendus sur la place. Là, «des jeunes, des vieux, mais pas de femmes», étaient rassemblés jour et nuit depuis vendredi, sans être vraiment inquiétés. «C'était un peu comme la place Tahrir en Egypte.» Mais, selon ce témoin, «la population avait des sabres, des kalach, des mitraillettes et des RPG [lance-roquettes, ndlr]». Boualam a entendu les premiers tirs dans la nuit.

Un autre témoin, un ancien diplomate libyen, raconte que les comb