Du temps où il se rêvait en leader des «Etats-Unis d'Afrique», Muammar al-Kadhafi n'hésitait pas à envoyer sa «Légion islamique» faire le coup de feu sur le continent. On l'a vue à l'œuvre en Centrafrique, en 2002, pour défendre l'ex-président Ange-Félix Patassé. Aujourd'hui, le «Guide» compte désespérément sur le soutien de ces légionnaires pour se maintenir au pouvoir à Tripoli.
Depuis le début du soulèvement en Libye, de nombreux témoignages locaux font état de la présence de combattants étrangers, certains parlant français, au comportement ultraviolent. Combien sont-ils ? La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) estime leur nombre à 6 000, dont 3 000 rien que dans la capitale. «Ils semblent avoir reçu carte blanche pour piller et tuer, indistinctement, tout civil», s'inquiétait hier l'association.
De hauts responsables en rupture de ban avec le régime de Kadhafi, tel le ministre démissionnaire de la Justice, Moustapha Abdel Jalil, confirment leur présence sur le sol libyen. «Je savais que le régime avait des mercenaires bien avant le soulèvement, a-t-il confié au journal suédois Expressen. Lors de plusieurs réunions, le gouvernement a décidé de donner la citoyenneté à des gens du Tchad et du Niger.» Nombre de ces hommes ont en effet été cooptés à la suite des multiples rébellions - tchadienne ou touareg dans le nord du Niger et du Mali - qui ont ponctué l'histoire de la région sahélienne depuis les années 70 et