Libération de prisonniers politiques, réintégration de personnes licenciées abusivement, dossiers d’indemnisations en tous genres : depuis le 14 janvier, jour de la chute de Ben Ali, la révolution tunisienne répare les injustices à tour de bras. Tous les secteurs sont touchés, y compris l’enseignement. En 2008, des profs ont été virés pour avoir parlé du soulèvement minier, durement réprimé. En 2009, des étudiants ont été emprisonnés pour avoir exigé des chambres universitaires.
Rafik Zghidin est un revenant. A 24 ans, il a déjà passé cinq mois et demi dans les geôles tunisiennes. Pour rien : il participait au mouvement de 2009 à la résidence universitaire de Tunis. A sa sortie, il avait voulu reprendre ses études à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Tunis, où il était en deuxième année. Mais il en avait été chassé. Grâce à la révolution, il vient de se réinscrire.
Rafik était militant à l'Union générale des étudiants de Tunisie (Uget), pourchassée par Ben Ali qui, en bon dictateur, avait peur de la jeunesse. A la rentrée 2009, l'Uget se mobilise afin d'exiger des chambres universitaires pour quelque 180 étudiantes modestes. La directrice du foyer, une «benaliste», est soupçonnée d'en garder pour les attribuer à des connaissances, voire pour les monnayer. Le 3 octobre, les militants entament une occupation pacifique. Jusqu'à la nuit du 1er novembre, où des gardes nationaux les embarquent.
Pour Rafik et ses camarades, le cauchemar commence. «Au poste de police, o