Un nouveau monde naît à la frontière sud de l’Europe. Un bouleversement de toutes les idées reçues sur le monde arabo-musulman qui, de Tripoli à Bahreïn, aspire à la liberté, à la démocratie et à un mieux vivre. Les pays de la Méditerranée rejettent de toutes leurs forces vives les dictatures, les compromissions et la corruption. Que dit l’Europe, que dit la France face à ce changement prodigieux, comparable à la chute de l’URSS ? Rien ou presque. Les ministres de l’Intérieur s’inquiètent des réfugiés. Les ministres de l’Economie craignent une flambée du pétrole. Les diplomates, surtout en France avec leur ministre tricarde, règlent leurs petits comptes. C’est peu dire que les dirigeants européens n’ont pas pris la mesure des événements. Qu’attend l’Europe pour se porter du côté des peuples du Printemps arabe ? Qu’attend l’Europe pour aider les pays comme l’Egypte et la Tunisie à se reconstruire après des décennies de tyrannie ? Pourquoi les Marocains, les Saoudiens ou les Bahreïnis seraient-ils condamnés à vivre sous des régimes féodaux et monarchiques ? Pourquoi les Algériens devraient-ils endurer une junte militaire prédatrice ? Pourquoi les Libyens devraient-ils être gouvernés par un malade mental ? L’Europe, si elle veut être conforme à ses valeurs, doit être du côté des peuples qui demandent justice et développement.
Les révolutions sont désordonnées. Elles déstabilisent un monde que l’Occident croyait immuable. Mais, en se rattachant à un ordre ancien et déjà déchu, le